30 avril 2009

Omar Khadr : objectif lune

« Ils vont faire quoi avec Omar Khadr quand Guantanamo va fermer? L’envoyer sur la lune? » Même si elle vient de Gilles Duceppe, l’idée de catapulter Omar Khadr dans l’espace après la fermeture de la tristement célèbre prison américaine fait jubiler Stephen Harper. Le premier ministre du Canada tiendrait d’ailleurs mordicus à organiser lui-même la mission spéciale auquelle le présumé terroriste prendra part.

Julie Sansoucis


« Il a déjà commencé à étudier les cartes de notre système solaire et à dessiner des trajectoires intersidérales à l’aide d’un compas », explique un proche collaborateur du premier ministre. Notre informateur est toutefois sceptique quant au potentiel de réussite de la mission. « Pas besoin de travailler à la NASA pour comprendre que son plan de vol ne tient pas la route. Au moins cinq astéroïdes se trouvent sur la trajectoire de la navette et sont identifiés avec le mot « Bang!! » sur sa carte. Personnellement, je ne voudrais pas faire partie de cette mission-là », poursuit-il.

Un plan pour la paix

C’est un secret de polichinelle sur la colline parlementaire : Stephen Harper a fait de la paix sur Terre sa nouvelle obsession. La mission Khadr serait la première étape d’une vaste opération pacifiste élaborée par le premier ministre canadien. Décrit par son entourage comme un « philanthrope visionnaire », Harper songerait même à soumettre prochainement son audacieuse proposition au Conseil de sécurité de l’ONU.

« Le plan s’inspire de l’expérience de peuplement australienne. Il s’agit de coloniser la lune et éventuellement la planète Mars avec les éléments subversifs de nos sociétés : les rebelles, les polémistes, les agressifs…», explique notre source. Questionné sur les chances réelles de survie des colons, notre informateur reste honnête : « On verra. Mais nous sommes d’avis qu’il faut des êtres hostiles pour survivre dans un environnement hostile. La racaille a toutes les chances ».

Le plan de développement des communautés lunaires et martiennes est apparemment déjà établi. « D’abord, on envoie les terroristes, ensuite l’ensemble des populations carcérales. Ça va régler le problème de l’Afghanistan qui sera entièrement déménagé ailleurs dans l’univers. Le problème du financement des prisons sera aussi réglé », raconte notre informateur conservateur.

La deuxième vague de peuplement sera constituée de journalistes, d’artistes et de souverainistes. « Après, on va avoir la paix », conclut-il.

29 avril 2009

Le côté obscur de l'information

Un groupe de scientifiques travaille actuellement sur une étude visant à prouver l’incidence de l’actualité sur le comportement humain. Leur théorie : quand l’actualité est sombre, le nombre d’altercations violentes dans la population augmente de façon alarmante. En cette période de récession où les mauvaises nouvelles s’accumulent, devons-nous craindre le pire?

Par Kiki Proco


Si la preuve reste encore à faire, un petit groupe de chercheurs demeure persuadé de ce fait : les actualités ont un effet direct sur l’hémisphère droit du cerveau humain, soit celui de la raison. « Quand ça va mal en politique, dans les sports ou dans tout autre domaine, le taux d’agressions augmente de façon considérable dans la population », note l’étudiant de deuxième cycle en psychologie, M. Grégoire. « Le phénomène est comparable à celui de la pleine lune. À l’annonce d’une mauvaise nouvelle, certains individus perdent momentanément le contact avec la réalité et agissent de manière étrange, souvent violente », affirme M. Grégoire.

M. Lavoie, directeur du département de parapsychologie dans un établissement non reconnu par le ministère de l’Éducation, est l’instigateur de l’étude. Depuis un an, il épluche les sections de faits divers sans relâche pour documenter ses recherches. « L’idée de cette étude m’est venue lors de la crise chez Olymel », se remémore M. Lavoie. « Vous vous souvenez de cette dame qui, après l’annonce des viandes contaminées, a organisé un BBQ où elle servait du chat de gouttière et des écureuils grillés aux enfants du quartier? » Après des mois de recherche, M. Lavoie en est venu à la conclusion qu’une mauvaise nouvelle annoncée dans les médias entraînait un événement inusité dans les 48 heures suivant son annonce, et ce, dans un rayon de 50 kilomètres du lieu touché par les événements.

À la lumière de ces hypothèses, plusieurs pourraient croire qu’une surveillance accrue dans les secteurs touchés pourrait prévenir certains drames. « Il n’en est rien », assure M. Lavoie. « La rage citoyenne peut toucher n’importe qui. On ne peut pas se mettre à surveiller tout le monde; du bébé à la couche aux fesses au vieillard édenté », explique-t-il.

En effet, qui aurait pu prévoir les événements qui se sont produits à Beauport dans la semaine du 1er mars? Après l’annonce de la fermeture d’une usine dans la région de Québec, Mme Caouette, 69 ans, a plongé M. Dufour, 23 ans, dans un coma de deux semaines après lui avoir asséné un coup à la tête. Mme Caouette, trouvant que M. Dufour roulait trop lentement dans la zone scolaire qu’ils traversaient tous deux dans leur véhicule respectif, a embouti à sept reprises l’automobile de M. Dufour. Une fois la voiture de la victime immobilisée, Mme Caouette a saisi une barre de fer et a frappé le jeune homme à la tête. Peu banal, cet incident ne surprend en rien Mme Dorval, détentrice d’un certificat en comportement humain : « Cette histoire est le meilleur exemple qui soit pour démontrer notre théorie. Mme Caouette avait l’air d’une biche apeurée lors de son enquête préliminaire la semaine dernière. Tout le contraire de la femme démente arrêtée la semaine du 1er mars ».

Si plusieurs membres de la communauté scientifique remettent en question le sérieux de la théorie de M. Lavoie, ce dernier a bon espoir de voir ses travaux reconnus un jour par ses pairs. « Nous sommes tout près du but. Tout ce qui manque pour compléter l’étude, ce sont des essais cliniques. Malheureusement, nous n’arrivons pas à obtenir les subventions nécessaires pour cette étape qui implique des tests sur des cerveaux humains », se désole M. Lavoie. « Tôt ou tard, les gens comprendront l’ampleur de notre découverte et ce sera un grand moment pour la science. »

24 avril 2009

Maison-Blanche : Bo mange un divan

Commotion à Washington. Quelques jours après son arrivée triomphale à la Maison-Blanche, Bo montre déjà de sérieux problèmes de comportement. Selon une source qui préfère garder l’anonymat, le célèbre chien d’eau portugais s’avère « capricieux, hypocrite et extrêmement colérique ». Un canapé ancestral datant de la gouverne d’Abraham Lincoln aurait d’ailleurs fait les frais de sa dernière crise.

Julie Sansoucis

« Ce chien est une calamité. Si ça continue comme ça, il va tous nous rendre fous », déclare notre source qui fréquente sur une base quotidienne la demeure présidentielle. Bo aurait dévoré le canapé en taffetas rouge légué par Lincoln après une promenade avec son maître qui aurait mal tourné. « Bo n’accepte pas que le président lui fasse de l’ombre. Il veut être sur toutes les photos prises par les médias. Ce jour-là, un photographe a insisté pour que Bo se tasse du cadrage… », explique un témoin. Horriblement vexé, Bo serait rentré à la maison dans un état pitoyable. « Il s’est frappé la tête quelques fois contre le miroir du vestibule. Ensuite, il s’est précipité dans le bureau du président et a dévoré le canapé en pleurant. On n’a rien pu faire pour l’arrêter. Ça nous a pris des heures pour le consoler. »

Ce sont les comportements alimentaires de Bo qui ont alarmé le personnel du nouveau président américain. Le « first dog » refuse d’ingurgiter la nourriture canine conventionnelle. « Il n’accepte que les fruits, le poisson à chair blanche et le caviar. Jeudi dernier, on lui a servi du saumon. Le drame. Il s’est mis à cracher partout, à pleurer et à hurler comme si on lui avait enlevé sa mère », ajoute notre informateur. De plus, Bo insiste pour manger à table avec le reste de la famille Obama. « Lorsqu’on lui a refusé cette permission, il a tenté de se noyer en plongeant la tête dans la cuvette des toilettes. Encore une fois, on a dû consentir ».

Choc culturel ou déficience intellectuelle?

Les racines portugaises de Bo ont d’abord confondu son entourage. « On croyait que ses extravagances avaient quelque chose de culturel. Après vérifications, j’affirme que ce chien n’est pas Portugais. Il est fou, un point c’est tout! »

Maître Caouette, spécialiste en comportement canin, nous renseigne sur cette race de chien méconnu du public. « Les gens pensent que les chiens d’eau aiment se baigner. C’est tout à fait faux. On les appelle « chiens d’eau » parce qu’ils sont hydrocéphales. C’est pour ça qu’ils pleurent tout le temps et qu’ils se frappent la tête partout », explique l’expert.

Les frasques de Bo font toutefois craindre le pire à Maître Caouette. « À mon avis, Bo est un taré d’exception au prise avec une crise identitaire aiguë. Il veut devenir puissant. Dominer son maître et peut-être même, le monde! Ça commence par manger un divan, mais ce sera quoi la prochaine fois? Ou pire, ce sera qui? Le président devra se montrer vigilant. »

12 avril 2009

Édito : bienvenue chez nous!

Si elles ont longtemps alimenté espoir et terreur dans les foyers du Québec et d’ailleurs, les histoires de crucifixion et de résurrection n’ont malheureusement plus la cote. C’est pourquoi, aujourd’hui, chacun occupe sa journée de Pâques comme il le peut. Certains se gavent de chocolat, d’autres d’alcool ou d’ennui. Nous, on lance notre blogue.

L’Opiniâtre c’est le lieu de rencontre de ceux, qui comme nous, en ont marre de verser des larmes chaque soir en regardant le téléjournal. Sur cette page, nous revisiterons pour vous les sujets qui font l’actualité, mais aussi ceux qui ont été occultés par nos valeureux médias. Au menu : des histoires percutantes assaisonnées d’une bonne dose d’ironie.

Bonne lecture
L’équipe de l’Opiniâtre

« Je n’ai pas vu les signes »

Ils étaient près d’une centaine à rendre un dernier hommage à Jacques Jean hier à l’église du quartier. Parmi les proches, la consternation règne toujours. Personne ne s’explique ce qui a poussé le trentenaire à s’enlever la vie après avoir empoisonné ses deux chats. Le drame aurait-il pu être évité? De tous ces gens, une seule et même réponse: « Si seulement j’avais su… Mais je n’ai pas vu les signes ».

Julie Sansoucis


Décrit comme un homme doux, jovial et attachant, rien ne laissait présager que Jacques Jean pourrait un jour porter un geste aussi extrême. C’est du moins ce que pense son voisin Raymond : « C’était un homme tellement sensible. Lorsqu’il sortait les poubelles, il s’asseyait souvent sur le bord de la chaîne de trottoir pour pleurer un instant », dit-il. « On avait l’habitude de le voir comme ça. Surtout depuis que sa femme l’a quitté pour son meilleur ami il y a environ trois mois. Il n’y avait rien d’anormal dans son comportement ces derniers temps. »

Le jeune cadre était très en vue dans le milieu des affaires montréalais avant d’être victime d’un grave burn-out en 2006. Depuis, il était sans-emploi et occupait son temps à entretenir son terrain. « Il adorait la nature », raconte sa voisine Arielle. « Il tondait son gazon plusieurs fois par semaine. Des fois, il pouvait regarder sa haie pendant une heure sans bouger. Ou encore, il se couchait en petite boule sous le grand bouleau et restait là tout l’après-midi. C’était beau de voir ça. » Arielle se rappelle avec nostalgie un moment précieux partagé avec Jacques Jean l’été dernier. « Mon mari et moi on l’a invité à venir prendre une limonade sur notre nouvelle terrasse. C’était quelque temps après que sa femme ait fait sa fausse-couche je crois », dit-elle. « Un oiseau est venu se poser devant lui. Il l’a regardé et s’est mis à pleurer. C’était touchant. Quelques jours plus tard, il a acheté ses deux chats, Hara et Kiri. Il les aimait énormément. »

Des signes pas clairs

Dans l’entourage de Jacques Jean, on se pause encore la question : l’irréparable aurait-il pu être évité? Gérard, un ami de longue date, se prononce : « Je sais pas. Je le voyais moins souvent ces derniers temps. Avant, Jacques me faisait rire, on avait du fun ensemble. Mais dernièrement, il était devenu lourd. Il me déprimait tellement que j’ai décidé de prendre mes distances. ». Gérard raconte que son ami, autrefois si « allumé », était devenu incohérent. « J’avais de la misère à le suivre. Par exemple, il disait qu’il n’avait plus d’argent pour sortir, mais il me parlait toujours du grand voyage qu’il voulait faire. Je me demande ben où il voulait aller. On va pas ben loin quand on a plus une cenne. »

Ce qui a perdu Jacques Jean c’est sans doute son incapacité à envoyer des signes clairs à son entourage. C’est du moins ce qu’estime Huguette, intervenante au service psychosocial du CLSC où Jacques Jean s’est rendu il y a trois semaines. « Il voulait entreprendre une psychothérapie alors on l’a mis sur notre liste d’attente. Je lui ai bien expliqué que nous avions beaucoup de cas lourds à nous occuper avant lui et qu’on ne pouvait pas le rencontrer avant un an et demi. Il est parti sans rien dire ». Huguette rejette toute responsabilité du CLSC dans la mort de Jacques Jean. « Comment on pouvait deviner qu’il était en détresse? Il n’a pas pleuré, il n’a pas crié ni fait de crise. Il n’a pas dit qu’il voulait mourir. On est des psychologues, pas des clairvoyants! Il faut que le monde s’aide un peu s’ils veulent se faire aider. »

À la mémoire de Jacques Jean.

03 avril 2009

La récession pour contrer l’embonpoint

L’hypothèse a été maintes fois confirmée par les scientifiques : le bonheur favorise la prise de poids. En cette période de morosité économique, les histoires de bonheur sont de plus en plus rares. Comment être heureux lorsqu’on perd son emploi, que l’on paie l’épicerie avec la carte de crédit ou que l’on envisage déménager dans un refuge? Selon les pronostics, les nord-américains, les plus grosses personnes de la planète, profiteront de la récession pour affiner leur silhouette. Ils seront tristes, pauvres et dépressifs, mais au moins, ils seront minces.

Nombreuses sont les raisons qui expliquent la corrélation entre le malheur et la minceur. Dans un contexte de creux de vague économique, les déboires financiers sont souvent responsables des premiers kilos perdus. Le sociologue R. Côté explique : « quand on a pas d’argent, on coupe dans l’épicerie. Quand on coupe dans l’épicerie, on coupe dans les repas. Quand on coupe dans les repas, on mange moins donc on maigrit ».

Toujours selon M. Côté, les gens qui n’ont plus d’argent, « ont également le réflexe de sabrer dans le budget alloué au transport ». La plupart d’entre eux délaissent leur voiture et se tournent vers le transport en commun. Prévenu de l’afflux massif et imminent de nouveaux usagers, la STM ne devrait pas réagir. Du moins pas pour l’instant comme nous l’indique un haut-responsable qui préfère garder l’anonymat : « on traversera le pont quand on sera rendu à la rivière. Attendons la crise; ensuite on paniquera ».

Le déséquilibre entre l’offre et la demande affectera le comportement des usagers du transport en commun et le rendra plus sportif. « Les plus tenaces continueront d’utiliser l’autobus ou le train. Mais ils devront effectuer de longs trajets debout, participer aux bousculades et se battre pour conserver leur place. L’exercice et la surpopulation entraineront une sudation excessive chez les usagers. À long terme, prendre le transport en commun rendra les gens belliqueux mais les fera aussi maigrir », ajoute M. Côté. Le sociologue raconte que les êtres de nature énergique et agressive ne parviendront pas à s’adapter au chaos qui règnera dans les autobus et les trains. « Ils préfèreront opter pour le vélo. Une bonne façon pour eux d’expulser la rage engendrée par leur état miséreux. Ils se défouleront en coupant les automobilistes et, à l’occasion, en frappant un piéton. Le piéton étant, évidemment, le citoyen appauvri le plus vulnérable physiquement et psychologiquement entre tous… »

Heureusement, le portrait social brossé par M. Côté n’est pas tout noir : « la bonne nouvelle c’est que tout ce beau monde là se débarrassera de leur surcharge pondérale. C’est quand même pas rien! Et tout ça sera aussi très bon pour l’environnement. Il faut voir le côté positif des choses! ».

Moins de crises cardiaques, plus de maladies mentales

Au-delà de la détresse financière, c’est la détresse psychologique des individus affectés par la récession qui leur permettra de conserver leur poids santé nouvellement acquis. La peur de ne plus jamais trouver d’emploi, d’être jeté à la rue ou même la peur de mourir engendrera beaucoup d’anxiété chez certains citoyens nord-américains. La psychologue D. Tremblay explique les conséquences de l’anxiété sur le corps humain : « l’anxiété affecte directement le système digestif. Plusieurs sujets anxieux perdent complètement l’appétit. D’autres souffrent de reflux gastriques ou de surexcitation intestinale. Quand on mange pas ou qu’on expulse après chaque repas, on maigrit automatiquement ».

L’anxiété, qui devrait gagner progressivement la population dans les mois à venir, aura le bienfait de désengorger les services de cardiologie de nos hôpitaux. « Les gens minces ne souffrent généralement pas de problèmes cardiaques. Les artères sont belles. Pas de cholestérol. Le sang est clair… particulièrement chez les gens anxieux qui se traitent en buvant de l’alcool », estime le cardiologue R. Turcotte, soulagé par la perspective de journée de travail moins chargées. « Les maladies du foie, c’est pas nous autres qui s’occupent de ça!

Si une explosion de cirrhose du foie est effectivement à prévoir chez la toujours plus malheureuse population nord-américaine, d’autres types de maladies sont aussi sur le point de frapper fort selon la psychologue D. Tremblay. « Du malheur nait l’anxiété et de l’anxiété nait une panoplie de maladies mentales dont la dépression et la bipolarité. Ma prédiction? Avant longtemps, les nord-américains seront pauvres, tristes et fous. »

Oui mais au moins, ils seront minces.
***Les noms des intervenants utilisés dans ce texte sont fictifs. En fait, tous nos intervenants le sont. Toute ressemblance avec qui que ce soit de réel n’est que pure coïncidence.