29 avril 2009

Le côté obscur de l'information

Un groupe de scientifiques travaille actuellement sur une étude visant à prouver l’incidence de l’actualité sur le comportement humain. Leur théorie : quand l’actualité est sombre, le nombre d’altercations violentes dans la population augmente de façon alarmante. En cette période de récession où les mauvaises nouvelles s’accumulent, devons-nous craindre le pire?

Par Kiki Proco


Si la preuve reste encore à faire, un petit groupe de chercheurs demeure persuadé de ce fait : les actualités ont un effet direct sur l’hémisphère droit du cerveau humain, soit celui de la raison. « Quand ça va mal en politique, dans les sports ou dans tout autre domaine, le taux d’agressions augmente de façon considérable dans la population », note l’étudiant de deuxième cycle en psychologie, M. Grégoire. « Le phénomène est comparable à celui de la pleine lune. À l’annonce d’une mauvaise nouvelle, certains individus perdent momentanément le contact avec la réalité et agissent de manière étrange, souvent violente », affirme M. Grégoire.

M. Lavoie, directeur du département de parapsychologie dans un établissement non reconnu par le ministère de l’Éducation, est l’instigateur de l’étude. Depuis un an, il épluche les sections de faits divers sans relâche pour documenter ses recherches. « L’idée de cette étude m’est venue lors de la crise chez Olymel », se remémore M. Lavoie. « Vous vous souvenez de cette dame qui, après l’annonce des viandes contaminées, a organisé un BBQ où elle servait du chat de gouttière et des écureuils grillés aux enfants du quartier? » Après des mois de recherche, M. Lavoie en est venu à la conclusion qu’une mauvaise nouvelle annoncée dans les médias entraînait un événement inusité dans les 48 heures suivant son annonce, et ce, dans un rayon de 50 kilomètres du lieu touché par les événements.

À la lumière de ces hypothèses, plusieurs pourraient croire qu’une surveillance accrue dans les secteurs touchés pourrait prévenir certains drames. « Il n’en est rien », assure M. Lavoie. « La rage citoyenne peut toucher n’importe qui. On ne peut pas se mettre à surveiller tout le monde; du bébé à la couche aux fesses au vieillard édenté », explique-t-il.

En effet, qui aurait pu prévoir les événements qui se sont produits à Beauport dans la semaine du 1er mars? Après l’annonce de la fermeture d’une usine dans la région de Québec, Mme Caouette, 69 ans, a plongé M. Dufour, 23 ans, dans un coma de deux semaines après lui avoir asséné un coup à la tête. Mme Caouette, trouvant que M. Dufour roulait trop lentement dans la zone scolaire qu’ils traversaient tous deux dans leur véhicule respectif, a embouti à sept reprises l’automobile de M. Dufour. Une fois la voiture de la victime immobilisée, Mme Caouette a saisi une barre de fer et a frappé le jeune homme à la tête. Peu banal, cet incident ne surprend en rien Mme Dorval, détentrice d’un certificat en comportement humain : « Cette histoire est le meilleur exemple qui soit pour démontrer notre théorie. Mme Caouette avait l’air d’une biche apeurée lors de son enquête préliminaire la semaine dernière. Tout le contraire de la femme démente arrêtée la semaine du 1er mars ».

Si plusieurs membres de la communauté scientifique remettent en question le sérieux de la théorie de M. Lavoie, ce dernier a bon espoir de voir ses travaux reconnus un jour par ses pairs. « Nous sommes tout près du but. Tout ce qui manque pour compléter l’étude, ce sont des essais cliniques. Malheureusement, nous n’arrivons pas à obtenir les subventions nécessaires pour cette étape qui implique des tests sur des cerveaux humains », se désole M. Lavoie. « Tôt ou tard, les gens comprendront l’ampleur de notre découverte et ce sera un grand moment pour la science. »